La Grâce des brigands - Véronique Ovaldé

Lu en : V.F. (Editions Points)

Résumé :Quand Maria Cristina Väätonen reçoit un appel téléphonique de sa mère, dont elle est sans nouvelles depuis des années, l'ordre qu'elle avait cru installer dans sa vie s'en trouve bouleversé. Celle-ci lui demande instamment de venir chercher pour l'adopter Peeleete, le fils de sa soeur.Nous sommes en juin 1989, Maria Cristina vit avec son amie Joanne à Santa Monica (Los Angeles). Cela fait vingt ans qu’elle a quitté Lapérouse, et son univers archaïque pour la lumière de la ville et l'esprit libertaire de la Californie des années 70. Elle n'est plus la jeune fille contrainte de résister au silence taciturne d'un père, à la folie d'une mère et à la jalousie d'une sœur. Elle n'est plus non plus l'amante de Rafael Claramunt, un écrivain/mentor qu'elle voit de temps à autre et qui est toujours escorté par un homme au nom d'emprunt, Judy Garland. Encouragée par le succès de son premier roman, elle est déterminée à placer l'écriture au cœur de son existence, être une écrivaine et une femme libre. Quitte à composer avec la grâce des brigands.

Je remercie sincèrement les éditions Points et plus particulièrement Madame Roux-Jean pour la découverte de ce livre

French Touch : A beautiful story about the notion of inheritance, childhood trauma. Smooth writing and very lovable male protagonists !

Chronique : Depuis sa sortie, ce livre me faisait réellement envie, d'une part parce que je souhaitais découvrir cette auteure dont j'entendais tellement parler, ensuite parce que l'histoire en elle-même me plaisait. Je n'ai pas été déçue : ce livre fût une belle découverte.

La Grâce des brigands est, selon moi, un livre sur la solitude, le sempiternel poids de l'héritage parental et la possibilité d'un ailleurs. J'ai été surprise par le fait que la narratrice donne un caractère distant à son histoire, elle nous semble lointaine, indéfinie et il est parfois difficile de s'y attacher. Cependant on remarque qu'au-delà de cette frontière entre le lecture et le protagoniste, un malaise sous-jacent : la fuite du passé, la volonté d'oublier une mère pathologiquement névrosée.

La leçon importante du roman est le fait qu'on peut mettre autant de distance entre nous et nos traumatismes de l'enfance, ils sont ancrés en nous et définissent ce que nous sommes car ils font partis de nos vies. Et la vie ne se résume pas en kilomètres. 

Au niveau des protagonistes, je me suis attachée à Garland, le chauffeur, qui se révèle dans la dernière partie du livre, il représente la petite touche d'espoir, la surprise du récit. De l'autre telle une ombre bienveillante on retrouve le père de l'héroïne. Enfin Claramount, le mentor, le révélateur du talent de Maria Cristina qui constitue l'artiste décadent californien par excellence. Les personnages masculins ont été plus attachants à mes yeux malgré les blessures du protagoniste central et la folie de la mère.

L'écriture de Véronique Ovaldé est fluide, agréable, efficiente même et qui colle parfaitement au récit. Je dirai que ce dernier est écrit dans l'objectif d'une fin surprenante ou tout du moins marquante : une fin qui offre des horizons inattendus au vu de la lecture du roman. C'est chose rare dans ce type de livre et j'ai vraiment été touchée par cette conclusion.

En définitive, un beau roman, une histoire profonde et vraie, une parcelle de vie. J'ai découvert un grand écrivain français.